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Le papier, la main, la trace

 

Il y a longtemps déjà que le papier, non comme simple support, mais comme matériau d’œuvre, hante la création de Myriam Librach. Tout commença, semble-t-il, dans l’atelier de son père tailleur, quand celui-ci préparait ses tissus, sur la base de patrons de papier qui, par leur forme ébauchée, mais bien réelle, fascinaient son imagination. Les patrons sont du papier découpé, déjà investi d’une forme à venir : tout ou partie d’un vêtement qui, lui, sera l’étoffe – mais qui n’est pas encore. S’ils ravissent l’enfant et se chargent pour lui d’un étrange pouvoir, c’est par cet en deçà, sans doute, de la forme, son possible, mais en acte, et réel comme figure.

Le patron est la forme même du possible, de ce qui viendra. Myriam Librach situe volontiers, dans cette contemplation première, le départ de son questionnement plastique. Un des départs au moins, car une longue étude des corps dans la peinture, notamment chez Delacroix, puis sur modèles, s’ensuivit, parallèlement à la découverte, après celle en profondeur de Braque, de l’abstraction lyrique, chez celui surtout qu’elle considère comme son maître : l’Américain Gorky.

Mais retenons cette empreinte de l’enfance que tout, en un sens confirmera. Devant les « compositions » à base de papier ici rassemblées, devant ces huiles, fruits d’une autre technique mais issue du même élan, devant ces illustrations de livres aussi bien, il convient d’interroger un cheminement si original, aujourd’hui dans la plénitude de ses moyens.

Roger MUNIER            
Le papier, la main, la trace (extrait), 1988

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