top of page

LES ORIGINES de ma peinture :


L'atelier de couture de mes parents "Tailleur pour Dames" à Paris, entre 1950 et 1985.
Au-dessus de ma tête d'enfant ça parlait yiddish, ça riait, ça pleurait, ça se disputait.
Les opérations de métamorphoses sur la grande table de coupe, la pose des patrons (les shablons), le marquage à la craie-savon, la découpe avec les grands ciseaux, l'assemblage des morceaux et la tombée des chutes dans la toile de jute tendue entre les deux machines Singer, restaient mystérieuses. J'enlaçais le mannequin Stockmann et je tournoyais avant l'essayage de la pièce par la cliente dans le salon interdit, je passais l'aimant au sol pour récupérer les épingles sur le bracelet de velours... Ce sont des traces, des sensations, des souvenirs que j'ai transfigurés dans ma vie de peintre depuis 1975. Il y a toujours eu des empreintes, des tracés ou des collages de patrons sous le travail pictural. Ils structurent mon imaginaire et donnent vie et force à l'élaboration plastique.

© martine ziegler

ML_ouverture_atelier_2019_blog_0164.png

Le papier, la main, la trace

Il y a longtemps déjà que le papier, non comme simple support, mais comme matériau d’œuvre, hante la création de Myriam Librach. Tout commença, semble-t-il, dans l’atelier de son père tailleur, quand celui-ci préparait ses tissus, sur la base de patrons de papier qui, par leur forme ébauchée, mais bien réelle, fascinaient son imagination. Les patrons sont du papier découpé, déjà investi d’une forme à venir : tout ou partie d’un vêtement qui, lui, sera l’étoffe – mais qui n’est pas encore. S’ils ravissent l’enfant et se chargent pour lui d’un étrange pouvoir, c’est par cet en deçà, sans doute, de la forme, son possible, mais en acte, et réel comme figure.
Le patron est la forme même du possible, de ce qui viendra. Myriam Librach situe volontiers, dans cette contemplation première, le départ de son questionnement plastique. Un des départs au moins, car une longue étude des corps dans la peinture, notamment chez Delacroix, puis sur modèles, s’ensuivit, parallèlement à la découverte, après celle en profondeur de Braque, de l’abstraction lyrique, chez celui surtout qu’elle considère comme son maître : l’Américain Gorky.
Mais retenons cette empreinte de l’enfance que tout, en un sens confirmera. Devant les « compositions » à base de papier ici rassemblées, devant ces huiles, fruits d’une autre technique mais issue du même élan, devant ces illustrations de livres aussi bien, il convient d’interroger un cheminement si original, aujourd’hui dans la plénitude de ses moyens.
Roger Munier   Le papier, la main, la trace (extrait), 1988

« SHABLON »… peintures de Myriam Librach, par Jean-Charles Taillandier

Myriam Librach est plasticienne. Dans son atelier de Nancy, elle triture, compose  inlassablement sur toile et papiers de textures diverses ce qu’elle exprime être « une rêverie sur l’atelier des origines ». Chacun son tréfonds de vie, son laboratoire intime… Le sien se nourrit d’un passé et donne corps et émotion à sa peinture toute entière inspirée de ses souvenirs d’enfance dans l’atelier de ses parents, artisans tailleurs à Paris.
Mystère du geste, respiration des formes, économie des couleurs, tout dérive dans sa peinture de l’ambiance enfantine au royaume feutré des tissus et des patrons de mode sur papier kraft.
​
librach_m_shablon___jct_blog_20.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_19.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_19.png

© jean-charles taillandier

« Shablon », suite de 9 toiles : déchaînement  /  haute enfance 
Lavis d’encre et brou de noix sur toile de lin, (chacune 80 x 160 cm).

Cette réminiscence, elle la décrivait en ces termes en présentant l’exposition de ses œuvres récentes sur les cimaises de l’Association Culturelle Juive de Nancy (*) :

"… J’enlace le mannequin Stockmann, je m’élance en tournoyant,  je garde le souvenir de l’instant où les grands ciseaux tranchent le tissu en suivant les contours marqués à la craie-savon des « shablon », ces formes patron en papier kraft… Pour cette exposition, j’ai choisi une toile de lin très douce qui absorbe les lavis, les encres. Face à la toile qui fait ma taille, j’écarte les bras et je l’enlace, je tournoie autour des axes imaginaires des portes entr’ouvertes de la mémoire. Des formes passent, je les retiens dans la trame, elles saillent, débordent, je les contiens dans les jeux de valeurs de bruns, de gris. J’indique, je suggère, j’accompagne ces apparitions fugaces vers une visibilité plus grande encore, (mais pour moi, il suffit d’une forme posée sur ce fond pour que l’espace devienne vivant, habité).

Les morceaux du vêtement sont prêts à être assemblés. Mes parents se font face. Entre les deux bords des machines à coudre Singer, une bande toile de jute est fixée pour recueillir les chutes de tissu. Le travail avance sous le pied de biche et les bouts qui dépassent des coutures sont poussés dans ce sac dans lequel je me jette."

​
librach_m_shablon___jct_blog_20.png

© jean-charles taillandier

« À bras le corps »… Peinture, gesso et brou de noix sur kraft (150 x 150 cm).

librach_m_shablon___jct_blog_01.png

© jean-charles taillandier

Par delà les années, Myriam LIBRACH se réapproprie  patrons et  vieux journaux, récupérés à droite et à gauche, et ces matières premières, auréolées de leurs odeurs primitives, de leurs froissements feutrés et de tactiles complicités au bout des doigts d’enfant, sont ses sources vives qui conduisent l’artiste,  sur toile ou support de pulpe de cellulose, à la rencontre de son espace mental. Au cœur d’un « temps retrouvé », ces fragments de papier découpés et triturés à l’échelle d’une main d’artisan deviennent les éléments déclencheurs d’impressions d’enfance que l’artiste va patiemment mettre en musique. En somme, une grande sobriété de matériaux au service d’une juste sobriété des formes, au terme d’une lente maturation du regard  dans le silence de l’atelier…

​
librach_m_shablon___jct_blog_11.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_08.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

Série « l’Atelier des patrons » – n° 2, 3 et 5
Collage de patrons de papier de soie, brou de noix et encre de Chine
sur plaques de pulpe de cellulose  (chacun 78 x 81 cm).

 

Une suite de peintures, baptisée « l’Atelier des patrons », a précédé en 2010 la suite Shablon des neuf toiles, où se condensait déjà une mise en espace épuré dans un périmètre presque carré. L’exposition en présente plusieurs, au même titre que des études préliminaires où la main et l’esprit cherchent encore l’ordonnance dans la grammaire des formes. On y décèle, attaché à la rugosité du support cartonné, un enthousiasme à puiser dans une force vitale originelle qu’inspire le lieu d’exposition où sont présentées ces oeuvres. Ainsi Myriam Librach présente-t-elle avec émotion une de ces études (photo ci-dessous) au devant d’une fresque murale peinte en 1946, par le grand peintre de la diaspora Emmanuel Mané-Katz, fresque qui célèbre la révolte du ghetto de Varsovie. 

librach_m_shablon___jct_blog_21.png

© jean-charles taillandier

Etude 3 pour « l’Atelier des patrons »
encre de Chine, gesso,  collage de journaux  et de patrons en papier de soie sur carton (50×65 cm)
Photographiée devant une fresque murale de MANE-KATZ

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_18.png

 Formes retrouvées »
Collage de tissus, peinture et brou de noix, gesso sur kraft  (150 x 150 cm).

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_06.png
librach_m_shablon___jct_blog_13.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_12.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_14.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_15.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_16.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_17.png

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_10.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_09.png
librach_m_shablon___jct_blog_07.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_05.png
librach_m_shablon___jct_blog_04.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

librach_m_shablon___jct_blog_03.png
librach_m_shablon___jct_blog_02.png

© jean-charles taillandier

© jean-charles taillandier

bottom of page